Quelques lectures
Aux sources du yoga
-DÉMÉTRIAN Serge, Le Mahâbhârata, éd. Albin Michel, 2006
-ÉLIADE Mircéa, Patañjali et le yoga, éd. Du Seuil, 2004
-MICHAËL Tara, Les voies du yoga, éd . Points, 2011
-PATAÑJALI, Yoga-sutrâs, traduction et commentaires par Françoise Mazet, éd. A.Michel, 1991
-SHRÎ AUROBINDO, La Bhagavad Gîtâ, éd. Albin Michel, 1970
-Hatha-Yoga-Pradîpikâ, introduction, traduction et commentaires par Tara Michaël, éd. Fayard, 1974
Méthodes du yoga
-CALAIS-GERMAIN Blandine, Anatomie pour le yoga, éd. Désiris, 2017
-Dr DE GASQUET Bernadette et BOUTELOUP Jean-Paul, Yoga sans dégâts !, éd. Marabout, 2015
-IYENGAR B.K.S., Bible du yoga, éd. Buchet/Chastel, 1978
-VAN LYSEBETH André, J’apprends le yoga, éd. J’ai Lu, 2004
Études sur le yoga
-BERTHELET LORELLE Christiane, Les créations du corps et de l’inconscient, éd. Liber, 2016
-FILLIOT Philippe, Le yoga comme art de soi, éd. Actes Sud, 2012
-FILLIOT Philippe, Un yoga occidental, éd. Almora, 2018
-TARDAN-MASQUELIER Ysé, L’esprit du yoga, éd. Albin Michel, 2005
Revues
-Infos Yoga, éditée par la Maison du Yoga de Bretagne
-Revue Française de Yoga, éditée par la FNEY (Fédération nationale des enseignants de yoga)
Notes complémentaires
La tradition védique
Veda est un mot sanskrit signifiant «le savoir, la science», et il désigne l’ensemble des textes sacrés de l’hindouisme.
La «Vérité initiale» contenue dans le Veda est le fruit des révélations reçues par des Rishis, anciens sages retirés dans les forêts et entièrement dédiés à la méditation. Elle porte sur la question de l’articulation entre les deux mondes : celui dans lequel nous vivons, avec ses dimensions de limites et de finitude; et le monde divin, transcendant et infini.
Cet ensemble de textes se divise en deux parties: la Sruti, «révélation divine»; et la Smriti, « tradition humaine ».
-la SRUTI: composée d’un ensemble de textes dont la rédaction se situerait entre le Vème et le IIème millénaire avant notre ère, la Sruti est la «science sacrée», le «savoir originel» révélé aux Rsi par le créateur Brahmâ.
Elle se divise en quatre parties: Rg-veda (Veda des hymnes aux divinités et à tout ce qui compose la création), Yajur-veda (Veda des formules sacrificielles), Sâma-veda (Veda des mélodies de la musique), Atharva-veda (Veda des formules magiques).
Et ces quatre veda ont 4 niveaux: Samhitâ (partie la plus sainte et plus vénérée du Veda, composée d’hymnes), Brâhmana (textes en prose consacrés aux directives pour accomplir les rites), Âranyaka (textes portant sur des explications cosmogoniques et métaphysiques), Upanishad (textes orientés vers la «libération spirituelle», moksha).
–la SMRITI: signifiant «se remémorer, se souvenir», la Smriti est la tradition humaine fondée sur la Sruti, mise en place pour se rappeler du Veda et le réactualiser.
Elle comprend: -les Vedânga: sciences annexes du veda (phonétique, grammaire, prosodie, étymologie, astronomie et astrologie, liturgie) -les Upaveda: sciences auxiliaires, connaissances de type pratique fondées sur le veda (la médecine, ayur-veda; l’art militaire; la musique; et l’architecture) -les Sûtra («aphorismes» servant de formules mnémotechniques) et les Sâstra (traités complets et systématiques, développant les sûtra) -les Itithâsa (épopées: le Mahâbhârata et le Râmâyana) et les Purâna (légendes), présentant l’enseignement védique sous forme narrative et illustrée -les 6 Darshana, «points de vue» de nature philosophique, visions sur le veda: le Nyâya (point de vue logique); le Vaiséshika (point de vue physique et atomiste); le Sâmkhya (point de vue mathématique ou cosmologique); le Yoga (point de vue psychologique ou psychique: yoga-sûtra de Patañjali); la Mîmâmsâ (point de vue théologique de la réflexion); et le Vedânta (point de vue métaphysique).
Vers le VIIème siècle avant JC, l’époque de la révélation védique s’achève par l’élaboration de textes poétiques et métaphysiques accomplis, qui seront écrits au fil des siècles suivants: les Upanishad. Ce terme recouvre deux sens: «s’asseoir auprès de», tel le disciple venu écouter l’enseignement de son maître; et «équivalence», telle la corrélation, mise en avant dans ces textes, entre la source de l’univers et la source de vie qui est en nous.
Les Upanishad sont des traités sur l’expérience spirituelle de l’union entre le Brahman (représentant l’«être absolu», la «conscience cosmique») et l’Âtman (représentant la conscience individuelle, le Soi).
Parmi les 108 Upanishad dénombrées, 19 sont consacrées au Yoga: composées entre le VIIIème et le XIVème siècle, les plus importantes sont la Nâdabindu, la Dhyânabindu et la Yogattatva.
Différents yogas
Il existe traditionnellement de nombreux yogas, auxquels s’ajoutent encore plusieurs variantes et combinaisons, permettant ainsi à chacun, selon son caractère, de choisir la voie lui correspondant le mieux. Parmi tous ces yogas classiques, les quatre plus grands sont les suivants:
-le rãja yoga (voie «royale», ou yoga «classique»), formulé par Patañjali, s’adresse essentiellement à des personnes en mesure de consacrer toutes leurs énergies et leur temps à cette pratique.
-le karma yoga (voie de l’action), dont le texte de référence est la Bhagavad Gîtâ, aborde la question centrale du yoga pour l’homme qui n’est pas un «renonçant» et qui reste engagé dans le monde et ses responsabilités, engagé dans l’action . Il s’agira ici pour le yogin de trouver la libération, non pas dans le retrait des sens et l’immobilité de la posture, mais dans l’action désintéressée, autrement dit dans le renoncement au désir égoïste de l’action et à ses résultats.
-le bhakti yoga (voie de l’amour et de la «dévotion») est une voie ouverte à tous sans restriction, et dans laquelle le disciple n’a de cesse de méditer sur les moyens de s’abandonner totalement au divin, jusqu’à l’union finale. Les quatre principaux supports de cette approche sont le pèlerinage, le temple, la pratique corporelle, et le chant des mantras et des textes sacrés.
-le jñana yoga (voie de la connaissance) requiert de la part du disciple de nombreuses qualifications, dont une connaissance approfondie des Écritures, une acuité intellectuelle et la capacité de raisonner. Il s’agit d’une voie de la discrimination, dans laquelle le doute occupe une place centrale, permettant l’émergence de la question fondamentale du «Qui suis-je?». Le disciple est engagé dans une démarche dont l’objet est de parvenir à distinguer le Soi de chacune de ces cinq «enveloppes» qui le recouvrent: le corps grossier, les organes des sens, les énergies vitales, la fonction mentale, et l’intellect.
Les 8 étapes du yoga (ashtânga yoga)
Les deux premiers éléments (yama et niyama) constituent le fondement préalable à toute la pratique:
1. yama (la discipline relationnelle)
L’ensemble de ces 5 règles de vie envers les autres, que tout homme (yogin ou non) serait tenu de pratiquer, constitue la première étape, qui «ne procure pas un état yogique, mais un état humain «purifié», supérieur à celui de l’humanité commune.»[1]
–ahimsâ, la «non-violence»: s’abstenir de toute nocivité dans les actes, ainsi que dans les paroles et les pensées; et la remplacer par la bienveillance à l’égard de tous les êtres. «Cette discipline de non-violence est la principale de toutes, et les autres yama n’ont pour but que de la consolider, de la raffiner et de la rendre parfaite.»[2]
–satya, la «vérité» (ou authenticité): ne pas s’écarter de la vérité, et s’efforcer d’accorder ses actes avec ses pensées et ses paroles.
–asteya, la «non-appropriation»: s’abstenir de vol et même de convoitise, ne pas prendre ce qui n’est pas donné ou obtenu par des moyens justes.
–brahmacarya, l’«abstinence» (ou modération): maîtriser la fonction sexuelle et les différents organes de sensation et d’action, afin d’acquérir une énergie puissante.
–aparigraha, la «non-possessivité»: s’abstenir d’accumuler les possessions et d’amasser les biens superflus, et ne garder que le nécessaire.
2. niyama (la discipline personnelle)
Si les yama visent avant tout l’harmonisation des rapports de l’homme avec la société et l’ensemble des êtres vivants, cette deuxième étape fondamentale rassemble quant à elle les 5 règles de vie envers soi, c’est-à-dire les pratiques régulières portant sur l’organisation de la vie personnelle et intérieure:
–shaucha, la «purification»: procéder à la purification du corps, ainsi qu’à celle des pensées et des émotions indésirables; c’est-à-dire, éliminer toutes les conditions et les facteurs empêchant le véhicule psychophysique d’être un instrument adéquat pour servir tous les buts du yogin de manière efficace.
–samtosha, le «contentement»: être capable d’apprécier ce que l’on a et d’éprouver joie et sérénité, quelles que soient les difficultés intérieures et les épreuves extérieures.
–tapas, l’«effort sur soi»: savoir mobiliser son énergie et son attention, supporter les difficultés rencontrées, faire preuve de détermination et de persévérance, pour atteindre le but qui est visé.
–svâdhyâya, l’«étude»: étudier les textes traditionnels (les Veda, les traités enseignant les différents aspects du yoga,…), ainsi que développer la connaissance de soi (écoute intérieure).
–ishvarapranidhâna, la «consécration au Seigneur»: dédier tous ses efforts à Ishvara (ou «Dieu», ou Purusha,..) et renoncer aux résultats de ses actions, se débarrasser de toute motivation personnelle ou égoïste.
3. âsana (la posture)
«être fermement établi dans un espace heureux» (sthirasukham âsana,YSP II.46)[3]
La posture doit être à la fois stable (sthira) et agréable (sukha), tenue avec fermeté et détente: telles sont les deux exigences formulées par Patañjali dans cette troisième étape. Âsana rassemble les énergies éparpillées et met fin à l’agitation corporelle. Les Yoga-sutra décrivent toutefois très peu de postures, et cette étape sera bien plus développée par le Hatha Yoga.
4. prânâyâma (la discipline du souffle)
Lorsque le yogin aura maîtrisé l’étape précédente et acquis l’âsana, il se consacre au prânâyâma, qui est l’arrêt des perturbations de la respiration. Plus qu’un contrôle du souffle respiratoire, le prânâyâma est le contrôle de l’énergie vitale (le prâna) par le biais de ce dernier.
5. pratyâhâra (le retrait des sens)
«Le yogin retire ses sens des objets sensoriels comme une tortue rentre sa tête et ses pattes sous sa carapace.»[4]: cette cinquième étape engage le yogin à s’abstraire entièrement du monde extérieur, à se libérer de la sujétion aux sens, à chercher à maintenir toutes ses facultés (de perception, d’action, et la faculté mentale) unifiées à l’esprit.
Ces premières étapes que sont Yama, Niyama, Âsana, Prânâyâma, et Pratyâhâra, constituent la voie externe et la préparation nécessaire au yogin pour accéder au Samyama, formé par les trois dernières étapes du yoga, centrales et plus intérieures: Dhârana, Dhyâna, Samâdhi.
6. dhâranâ (la concentration)
La pratique de la concentration consiste en un choix délibéré du yogin de porter son attention sur un objet déterminé (par exemple: la respiration, ou les sensations corporelles). Il s’agit ainsi d’un effort conscient et d’une action volontaire, sollicitant le mental, et la relation entre le sujet et l’objet est perceptible.
7. dhyâna (la méditation)
Lorsque l’attention fixée sur l’objet de concentration devient prolongée et ininterrompue, telle un flot continu et égal, le yogin est alors «entré» en méditation. A ce stade, c’est la conscience profonde qui est sollicitée, et non plus le mental. La dualité sujet-objet est toutefois encore présente.
8. samâdhi («l’état d’unité»)
Dans cette ultime étape, il y a fusion entre le sujet et l’objet: «la séparation entre le « je » et le « cela » disparaît, et le yogin, qui s’est vidé de lui-même, coïncide avec l’être de l’objet.»[5]
[1]Mircéa Eliade, «Patañjali et le yoga», p.57
[2]T. Michaël, «Les voies du yoga», p.92
[3]Traduction de Gérard Blitz, cité dans «Yoga-sutras, Patañjali» traduit et commenté par Françoise Mazet, p.110
[4]Bh.G., II,58, cité par T. Michaêl, «Les voies du yoga», p.118
[5]T. Michaël, opcit., p.124
Tantrisme et Yoga
Le tantrisme désigne un vaste mouvement philosophique qui se développe à partir du IVème siècle de notre ère et s’étendant à l’Inde entière, jouissant d’une grande popularité tant auprès des érudits (philosophes et théologiens) que des pratiquants (yogin et ascètes), et ayant fortement influencé toutes les grandes religions indiennes (hindouisme, bouddhisme, jaïnisme,..) et différentes «sectes» ou courants dévotionnels hindous.
Les Tantra (terme signifiant «déroulement, succession») forment un ensemble de textes se présentant, sur certains aspects, comme une adaptation de la doctrine védique, et dont les caractéristiques fondamentales sont les suivantes:
-l’insistance sur la pratique et la place centrale accordée au corps humain (avec la volonté de le maîtriser pour le transmuer en «corps divin»), qui sera reprise par le Hatha yoga,
-l’ouverture des moyens de salut à tous, sans distinction de sexe ni de caste, donc accessibles aux couches «populaires»,
-l’accession de la Grande Déesse, la Çakti ou «force cosmique», à un rang prédominant.
Certificat de Qualification Professionnelle
La pratique du yoga étant rattachée en France au ministère de la Culture et non à celui des Sports, son enseignement n’entre pas dans la liste des professions réglementées et, par conséquent, aucun diplôme officiel de professeur de yoga n’est reconnu (ni en France ni dans les autres pays) .
Pour combler ce manque, l’organisme de formation ENPY a entrepris une démarche qualité afin d’obtenir, en 2015, le Certificat de Qualification Professionnelle ISQ-OPQF, lui permettant de délivrer le Certificat Professionnel de Professeurs de Yoga, sous l’autorité de la FFP (Fédération de la Formation Professionnelle).
Mon n° d’enseignante 17-146 est visible sur le site de la Fédération Nationale des Professeurs de Yoga.
T.K.V. Desikachar
Fils et disciple de T. Krishnamacharya (1888-1989), lui-même célèbre yogi et pédagogue, T.K.V. Desikachar (1938-2016) a largement contribué à la transmission et la diffusion du yoga auprès d’élèves occidentaux.
Soucieux d’adapter la pratique du yoga à la personne (et non l’inverse!), sa pédagogie remet en cause les formes traditionnelles de l’enseignement en soulignant l’importance de tenir compte des capacités et singularités de chaque élève.
Dr Bernadette de Gasquet
Professeure de yoga et médecin, elle est connue du grand public par ses différents ouvrages, dont Le yoga sans dégâts et Abdominaux arrêter le massacre, et son institut forme de nombreux spécialistes de la santé, des professeurs de yoga ainsi que des professionnels du sport.
Spécialiste du périnée féminin, elle a notamment mis au point une méthode permettant une bonne intégration du périnée dans la respiration: il s’agit de commencer par expirer, avec une expiration active et accompagnée d’une contraction du périnée (et des muscles abdominaux profonds du bas-ventre); l’inspiration étant quant à elle passive. Cette méthode présente de nombreux avantages:
-retrouver la respiration naturelle (le sens physiologique de la respiration)
-éviter l’hyper pression sur le périnée et limiter le risque de descente d’organes
-muscler le périnée et les muscles profonds du bas-ventre (dont le transverse)
-protéger la zone des lombaires