Une tradition vivante
Dérivant de la racine sanskrite yuj (joindre, atteler, relier), le mot YOGA signifie traditionnellement union de l’âme individuelle au «divin», et unification des différents éléments de la nature humaine.
Il nous faut remonter jusqu’à l’Inde antique, vers le 3ème millénaire avant notre ère, auprès des grands sages de la tradition védique, pour trouver les origines du yoga. S’il existe traditionnellement de nombreux yogas, ces différentes formes ont toutes le même but: conduire le pratiquant vers un niveau supérieur de conscience, une dimension contemplative, un état d’accomplissement et d’unité de l’être: «l’état de yoga».
La voie considérée comme étant le yoga «classique» est celle qui a été formulée par Patañjali dans le plus ancien traité en notre possession sur cette discipline: le Yoga-sûtra. Composé il y a environ deux millénaires, ce texte sert aujourd’hui encore de référence majeure aux pratiquants de yoga, tant sur le plan théorique que pratique. Définissant tout d’abord le yoga comme «l’arrêt de l’agitation automatique du mental», Patañjali énumère notamment dans cet ouvrage les différents moyens pratiques qui créent les conditions favorables au processus de transformation menant à l’état d’unité. Ce moyen d’action est constitué de différents «membres», qui sont les 8 étapes du yoga: la discipline relationnelle (yama), la discipline personnelle (nyama), la posture (âsana), la respiration (prânâyâma), le retrait des sens (pratyâhâra), la concentration (dhâranâ ), la méditation (dhyâna), et la contemplation ou «état d’unité» (samâdhi ).
C’est vers le 13ème siècle de notre ère que commence à se développer une nouvelle forme de yoga: le Hatha-Yoga, signifiant «yoga de force», ou «yoga de l’unification du Soleil (Ha) et de la Lune (Tha)», selon une autre étymologie. Popularisé par un ascète du nom de Gorakhnâth, le Hatha-yoga entretient des rapports étroits avec la tradition tantrique et se caractérise notamment par son insistance sur la pratique et la place centrale accordée au corps humain, avec la volonté de le maîtriser pour le transmuer en «corps divin». Dans cette forme de yoga, les postures (âsana) et les respirations dirigées (prânâyâma) sont centrales, et les notions de circulation des énergies y sont importantes. Pratiquée tant par ceux attachés au souci d’une évolution spirituelle que par d’autres voulant simplement en recueillir les avantages physiques et mentaux, cette voie a rencontré beaucoup de succès et s’est très largement développée en Inde.
C’est au cours du 20ème siècle, par le biais de nombreux penseurs (Aurobindo, Vivekânanda, Tagore,..) et gurus indiens, que commence à se développer un yoga «moderne», se diffusant au-delà des frontières géographiques et culturelles indiennes. Ainsi dès les années 1960, le yoga se répand aussi très largement en Occident: différents maîtres indiens (tels que T. Krishnamacharya et son fils T.K.V. Desikachar) transmettent leur enseignement à des élèves occidentaux, qui à leur tour enseignent le yoga et forment des professeurs.
Bien que le Hatha-yoga traditionnel n’a eu de cesse d’évoluer et se transformer au fil du temps, par le biais des transmissions de maîtres à disciples, c’est toutefois le plus souvent à cette forme que l’on se réfère encore aujourd’hui lorsque l’on parle de «yoga». Présentant en elle-même un grand nombre de variantes, et susceptible d’applications variées, c‘est également cette voie qui est à l’origine de la plupart des yogas contemporains qui ont émergé aussi bien en Inde qu’en Occident: Iyengar, ashtanga yoga, vinyasa yoga, yin yoga,…..
Une discipline aux nombreux bienfaits
La pratique régulière du yoga contribue à une meilleure qualité de vie globale, à un équilibre plus harmonieux de la personne dans ses différentes dimensions.
L’ensemble des techniques (postures et enchaînements, respiration de qualité, concentration et méditation, relaxation) de cette discipline en fait une méthode efficace procurant de nombreux effets bénéfiques, tant sur le plan de la santé physique que de la santé mentale. Présentant également l’avantage de rendre actif l’élève, pour qui il devient progressivement plus facile de prendre soin de lui-même et de sa santé, le yoga peut ainsi s’avérer une discipline de choix dans le domaine de la prévention, ou complémentaire à une approche thérapeutique spécifique lorsque cela est nécessaire.
Sur le plan corporel
Au fur et à mesure des séances, le corps se redresse et retrouve sa mobilité, la respiration se dégage et s’amplifie, les mouvements deviennent plus fluides, et la conscience de soi s’affine; conduisant peu à peu la personne à utiliser son corps avec plus d’efficacité, de liberté, d’expressivité et de plaisir.
Le yoga soutient la santé globale du corps.
-mobilisation du système musculo-squelettique et réalignement du corps: allongement des muscles, mobilité des articulations, redressement du dos et souplesse de la colonne vertébrale, soulagement des douleurs et tensions
-entretien du système cardio-vasculaire
-activation de la circulation sanguine et lymphatique: apport d’oxygène et d’énergie aux cellules, purification du sang et de l’organisme
-équilibre du système nerveux et endocrinien
-régulation des fonctions digestives
Le yoga développe une meilleure conscience du corps.
Pratiquer le yoga permet de développer l’attention et la proprioception («sensibilité profonde» ou faculté d’un individu à ressentir et situer dans l’espace les différentes parties de son corps), ce travail amenant peu à peu la présence de son schéma corporel (représentation mentale de tout son corps vivant).
La perception et la conscience plus fines des signaux corporels et du fonctionnement du corps entraînent à la fois plus de maîtrise et de fluidité des gestes et mouvements, une meilleure conscience de soi dans l’espace, permettant notamment la prévention des blessures et douleurs.
Sur le plan psychologique
Le yoga développe un meilleur équilibre émotionnel et mental.
-développement de la concentration et de l’attention
-développement de la capacité à se détendre et à cultiver un état d’esprit plus serein
-développement de la confiance en soi
-apaisement du mental et diminution de la « réactivité émotionnelle »
-diminution de l’anxiété et de la dépression
-meilleure gestion du stress
-développement de sensations de «bien-être», «stabilité», «équilibre»
Sur le plan relationnel
-développement de nombreuses qualités humaines: bienveillance, écoute, respect, humilité, patience, empathie, compassion, altruisme…
-développement d’émotions positives et de la joie de vivre
-développement de la conscience de Soi et de notre rapport aux Autres et à la Nature
Une pratique « non-violente »
Ahimsâ est la toute première règle du yoga, formulée il y a déjà environ 2000 ans par Patañjali: c’est la base de la discipline relationnelle (yama), qui constitue la première étape du yoga. Terme sanskrit signifiant «non-violence», ahimsâ invite le pratiquant, avant toute autre chose, à s’abstenir du moindre acte nocif envers les autres et envers lui-même, et à cultiver la bienveillance.
